mercredi 19 septembre 2007

Note de mise en scène

Le Bérénice Project part d’une idée ; rendre Racine à tous ceux qui ne l’ont croisé qu’au détour d’un Lagarde et Michard poussiéreux, aux badauds, aux enfants, aux curieux.

Nous avons souhaité ramener la pièce à sa plus simple expression ; 3 comédiens jouent les 3 rôles principaux de Bérénice, reine de Palestine, Titus le tout récent empereur de Rome et son empire, et Antiochus leur ami et amant silencieux de Bérénice. Bérénice et Titus s’aiment depuis leur rencontre, cinq ans auparavant, et la mort du père de Titus laisse espérer, enfin, leurs épousailles. Cependant, la seule loi inviolée de Rome exige que l’empereur n’épouse qu’une Romaine, fait que Titus avait occulté depuis longtemps.
Aujourd’hui, alors que Bérénice attend les noces, Titus doit endosser l’habit d’empereur et Antiochus, désespéré, déclare sa flamme à une reine qui le repousse. Les éléments de la tragédie sont posés.
Auprès de chaque protagoniste, un confident ; une nourrice attentive, un fidèle compagnon d’armes, et « la voix de Rome ». Ce confident multiforme, toujours présent, témoin silencieux des déchirements royaux, nous avons souhaité qu’il soit interprété par une seule comédienne, masquée, sorte d’Arlequin à plusieurs facettes toujours présent sur scène. Curieusement, les 3 confidents ont ceci de commun qu’ils ne soutiennent pas le couple promis, Bérénice et Titus. Vu sous cet angle, le confident se fait un peu l’oreille du Destin, la voix de la raison ou celle du peuple qui voit de loin se déclarer les grandes passions des puissants. Son rôle est un pivot essentiel, car
omniprésent et profondément humain.

Pour la scène, une immense bande de tissu croisée par une plus petite détermine un domaine, 1 « coin » à chaque personnage. Le public est libre de suivre l’action sous l’angle qu’il souhaite. Des mots même des comédiens, cette « multi-frontalité » les dépouille de tous faux semblants. Ils n’ont pas de coulisses, pas de lieu où se réfugier. Rien n’est caché. Les éléments implacables, les
personnages de la tragédie sont tous présents sur scène, prisonniers de l’espace scénique et de l’engrenage tragique. Seul le confident, représentant du peuple pourra rejoindre les spectateurs, presque parler en leur nom et briser les limites de la tragédie. Ce dépouillement, nous l’avons recherché pour que la langue de Racine et les sentiments exprimés, très accessibles malgré le passage des siècles, vivent à nouveau avec exubérance, joie, amour sur le pavé parisien et français. La passion se trouve dans Racine, il faut lui donner une scène, et elle se fera entendre.


Eléonore Chaban Delmas



Elle commence le théâtre à 16 ans avec Pierre Lamy dans L’Apollon de Bellac, puis Zoo ou l’Assassin philanthrope, et étudie le théâtre à Harvard. Puis, la majorité venue, elle rejoins une troupe de langue anglaise: elle joue Abigail dans Les Sorcières de Salem et co-monte la première version de Didon en Ulster de F. McGuinness, puis joue dans Silence en Coulisses. Elle alternera ensuite travail de comédienne (The Measures Taken de B. Brecht), régisseuse (If I were me de G. Marshall, Hedda Gabler à l’Hunter University de New York) et de metteur en scène (Terrible Trouts in Trainbri de C. Moerch). Elle monte le Festival Theater of Desire et le spectacle Recovering the Concrete, un spectacle multimédia. De retour à Paris, elle passe un an à l’école Atla; elle apprend le solfège et le chant. Elle fait plus tard partie des chœurs de l’album de Philippe Katerine, Robots Après Tout. En 2004, elle re-fonde une troupe avec les survivants de la troupe Le 8ème Pêché, met en scène et régit une nouvelle version de Carthaginians qu’elle retraduit et baptise Rédemptions. En 2006, elle est invitée à participer en tant que comédienne à la première création des Echafaudeurs: "Un vrai nid d'amour" et à mettre en scène leur dernier spectacle : "Willersheim 2016".

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